Si j’étais puriste, je vous dirais que tout a commencé le 10 mai 1910 avec la naissance du petit Éric Berne, futur père de l’analyse transactionnelle : la théorie de la personnalité, des rapports sociaux et de la communication à l’origine du modèle qui nous occupe aujourd’hui. Inutile, cependant, de nous projeter si loin dans le passé ! Débutons dès lors notre histoire dans les années 70, en Arkansas, aux États-Unis. Un jeune psychologue clinicien nommé Taibi Kahler (moi non plus je ne savais pas que Taibi était un prénom) se demande pourquoi ses techniques n’ont pas la même efficacité sur tous ses patients. Logique et organisé, il va bien vite vouloir comprendre ce qui peut expliquer ces différences de résultats.
Taibi (je me permets de l’appeler par son petit nom) entame des recherches scientifiques approfondies avec un groupe de 1 200 sujets. Au cours de son travail, il observe une série de comportements subtils, mais néanmoins remarquables, qui apparaissent lorsque le sujet vit un stress négatif. En cause : une communication qualifiée d’inadéquate. Non seulement Taibi Kahler va-t-il remarquer ces comportements, mais il parviendra également à les classer en cinq grands types. Cinq « drivers » (moteurs) qui permettent de décrire les manières mutuellement exclusives d’agir des individus. Il s’agit là des balbutiements du Process Communication Model ! Le modèle clinique qui émerge est alors basé sur ce qu’il nommera les mini-scénarios (mini-scripts) : ces comportements que nous reproduisons de manière récurrente, attachés à notre personnalité… et prévisibles !
S’ensuivront l’identification des six types de personnalités qui forment la base de l’outil et le développement d’une véritable compétence qui permettra à Taibi Kahler de diminuer de moitié le temps de traitement de ses patients !
En 1977, le Dr Kahler reçoit le prestigieux prix Éric Berne, décerné par l’Association Internationale d’Analyse Transactionnelle. La récompense marque une reconnaissance de taille et le début de l’essor de ce qui s’appellera, pour l’heure, la Process Thérapie. Une version du modèle toujours utilisée aujourd’hui.
L’année suivante, en 1978, Taibi Kahler est contacté par Terry McGuire, psychiatre en chef de la NASA, responsable de la sélection des astronautes pour les vols habités. Ce dernier est intrigué par les méthodes de Kahler, qui prétend être capable de prédire les comportements sous stress et de les décrire avec une grande précision. Un graal pour celui dont la mission est de faire coexister des individus dans une boîte métallique de 400 m3 à 40 km au-dessus de nos têtes. L’anecdote raconte que Taibi Kahler a été capable de rassembler, en cinq minutes, autant d’informations d’intérêt que Terry McGuire en une heure. Quoi qu’il ait pu se passer, le psychiatre en chef est séduit. Une collaboration rapprochée débutera avec l’agence spatiale, permettant au modèle de prendre son envol (c’est le cas de le dire…) et de connaître un développement exponentiel dans les années qui suivront.
« PCM, both within NASA and within daily activities, has become for me like McGyver’s Swiss army knife, always with me and endlessly useful. » Terry McGuire
Au début des années 80, les entreprises commencent à s’intéresser à ce curieux modèle qui semble si bien décrypter l’être humain dans sa communication, ses comportements, sa motivation et son stress ! Les applications se multiplient : recrutement, vente, formation, gestion des conflits… et, de manière plus générale, management d’équipe. D’ailleurs, avant de verrouiller son patronyme définitif, le PCM portera quelques temps le nom de « Process Communication Management » pour finalement retrouver ses lettres de noblesse qui acteront sa nature profonde : celle d’un modèle comportementaliste capable de simplifier et de structurer la réalité afin de mieux l’appréhender. Et quelle réalité que celle des comportements humains !
Avec les années, le modèle continue à s’affiner, se préciser, se consolider. Soutenu par des études scientifiques fiables et des analyses quantitatives toujours plus précises, le PCM s’étend au-delà des frontières et dans nombre d’organisations à travers le monde.
En 1984, Taibi Kahler fait une autre rencontre majeure, celle de Bill et Hillary Clinton. Chamboulés et séduits après trois jours de formation, ils se rapprochent du psychologue/formateur. Celui-ci deviendra rapidement le conseiller en communication de Bill Clinton durant toute sa campagne et tout au long de son mandat présidentiel de 1993 à 2001 ! Durant cette période, Bill Clinton exigera que tous les employés de la Maison Blanche, quelle que soit leur fonction ou leur place dans la hiérarchie, soient formés au PCM.
Au cours des années qui suivront, le PCM se fraiera un chemin au cœur des plus grandes marques parmi lesquelles Ikea, Audi, Microsoft, IBM, Apple, Coca Cola, L’Oréal, Danone, Bayer, HP, IBM et même PIXAR, qui l’utilisera notamment pour la création du personnage de son film d’animation « Rebelle » (2012).
Aujourd’hui, 1,4 million de personnes ont été sensibilisées au PCM dans 52 pays et en 24 langues différentes. Kahler Communication, gestionnaire actuel du modèle, continue à enregistrer des données et à confirmer la fiabilité et la précision du PCM. Avec plus de 3 800 formateurs et coaches à travers le monde, la Process Com’ continue à ouvrir les yeux de dizaines de milliers de personnes chaque année. D’une redoutable efficacité, il est l’outil privilégié de tous ceux qui souhaitent mieux se comprendre, mieux comprendre les autres et se mettre en action pour améliorer durablement leurs relations.
À l’heure où j’écris ces lignes, le modèle est toujours utilisé par la NASA dans le processus de recrutement, non seulement des astronautes, mais aussi de l’ensemble du personnel. Nous remarquerons, à ce sujet, le clin d’œil du désormais célèbre astronaute français Thomas Pesquet dans son ouvrage « Dans la combi de Thomas Pesquet ».
Pour en savoir plus sur le modèle, c’est par ici !
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